Les expériences de mort imminente (EMI)
Chose intéressante, Thomas Durand se dirait prêt à croire à l'immatérialité de l'esprit et à la non-réductibilité de la conscience si l'on pouvait communiquer avec les défunts :
« Si la transmission de pensée était prouvée, si [...] la communication avec les défunts était attestée, nous aurions des raisons de penser qu'une substance immatérielle se trouve en nous et survit à notre corps » (p. 112).
Cela tombe bien, car certaines expériences de mort imminente sont très bien attestées et démontrent que la conscience n'est pas réductible à la matière. Thomas Durand, lui, les critique en disant qu'il s'agit d'un phénomène purement psychologique au cours duquel « les sujets ressentent une décorporation et ont l'impression de se trouver dans un tunnel obscur débouchant sur une lumière aveuglante, et dont on sait qu'elles sont corrélées avec une intense modification de la chimie cérébrale » (p. 154).
Mais encore une fois, le zététicien ignore que les caractéristiques les plus frappantes concernant les EMI ne se réduisent pas à avoir « l'impression » de traverser un tunnel et de voir une lumière. Nous disposons d'autres éléments empiriques beaucoup plus forts qui prouvent que la personne est réellement sortie de son corps et qu'elle a pu observer des choses aux alentours.
Par exemple, vers la fin des années 1980, une fille de neuf ans eut un accident de natation. Elle perdit connaissance et passa dix-neuf minutes sous l'eau. Une fois les secours arrivés, elle fut rapidement emmenée à l'hôpital et mise sous machine. Elle reprit connaissance trois jours plus tard alors que Melvin Morse, le médecin, avait annoncé qu'elle était sans activité cérébrale. En se réveillant, elle prit presque une heure pour raconter aux médecins ce qu'elle avait vu pendant tout ce temps. Chose incroyable, elle réussit à décrire de manière précise certains détails de la chambre d'hôpital qu'elle n'avait jamais vue. Elle raconta avoir visité le paradis avec un ange et avoir pu communiquer avec son grand-père décédé. Elle affirma aussi avoir regardé ce qui se passait dans sa maison pendant ce temps et parvint à décrire précisément son père, son frère et sa sœur avec leurs vêtements, ainsi que leurs activités ce jour-ci. Elle déclara même aux médecins que sa mère avait préparé un poulet rôti et du riz pour le dîner ce soir-là, alors que la famille habitait à des kilomètres d'ici. Comme ce qu'elle décrivait s'était passé à peine quelques jours plus tôt, le docteur Morse alla enquêter sur place et posa des questions à la famille, pour voir si la petite fille disait vrai sur tous ces détails 167. C'était effectivement un sans-faute. Tout était vérifié !
Le livre de Titus Rivas, The Self Does Not Die: Verified Paranormal Phenomena From Near-Death Experiences, rapporte un grand nombre de cas fascinants de personnes décrivant des choses qu'elles n'auraient pas pu connaître si elles étaient vraiment restées dans leur corps. Dans un cas rapporté par John Lerma en 2007, un homme de 82 ans eut une EMI dans laquelle il se décrivit comme sortant de son corps dans la chambre d'hôpital. Pendant qu'il montait en s'approchant du plafond, il remarqua une pièce de 25 centimes datant de 1985 au-dessus du moniteur cardiaque de deux mètres et demi de haut. Après avoir repris conscience dans son lit d'hôpital, il demanda au docteur d'aller vérifier si la pièce était effectivement là, afin de savoir si son expérience était vraiment authentique ou s'il avait halluciné. Lerma prit une échelle et monta vérifier. Il trouva à sa grande stupéfaction la pièce, comme le patient l'avait vue et décrite.
Kenneth Ring, un psychologue renommé, rapporte d'autres cas intéressants dans son livre Life At Death: A Scientific Investigation of the Near-Death Experience. En 1993, un patient affirme avoir eu une EMI : il serait sorti de son corps et serait monté jusqu'à quitter la chambre d'hôpital par le plafond. De là, il remarqua une chaussure rouge sur le toit de l'hôpital. Un médecin sceptique décida d'aller vérifier. À sa grande stupéfaction, il trouva la chaussure rouge à l'endroit indiqué 168.
L'avantage de ces cas, par rapport à ceux des personnes qui disent simplement avoir visité le paradis, c'est qu'ils ont des éléments empiriquement vérifiables (ce qui devrait plaire à un zététicien sans a priori idéologique). Certaines enquêtes sont si bien documentées sur le plan médical et au niveau des détails donnés par les témoins que certains athées ayant étudié l'affaire ont été obligés de prendre ces cas au sérieux, admettant la possibilité de la vie après la mort. Par exemple, le philosophe athée A. J. Ayer a lui-même fini par changer de position suite à toutes ces enquêtes, en admettant : « Ces expériences sont en réalité des éléments solides qui montrent que la mort ne met pas fin à la conscience 169. »
Le bilan de ces EMI est qu'elles nous donnent d'excellents éléments qui tendent à confirmer la réalité de la vie après la mort et l'indépendance de la conscience vis-à-vis du cerveau (ce qui confirme nos arguments de principe contre l'approche réductionniste étayés précédemment). Il est vrai que les EMI ne valident ni n'invalident aucune religion particulière, mais elles réfutent tout simplement la doctrine réductionniste promue par le matérialisme athée. Nous résumons l'argument de la façon suivante :
1. Si le matérialisme athée est vrai, alors la conscience est radicalement dépendante du cerveau et, par conséquent, celle-ci disparaît après la mort.
2. Or, de nombreux cas d'expériences de mort imminente démontrent que la conscience persiste après la mort et qu'elle n'est pas dépendante du cerveau (les personnes décrivent des choses précises ayant parfois lieu à des kilomètres de leur lit de mort et susceptibles d'être vérifiées par l'enquête empirique).
3. Donc le matérialisme athée est faux (par les n° 1 et 2).