Les miracles et l'ultra-scepticisme

Dans son chapitre sur les miracles, Thomas Durand prétend ni plus ni moins que les théistes sont coupables d'un appel à l'ignorance et d'un raisonnement circulaire :

« Dans tous les cas de figure, il semble qu'on puisse raisonnablement considérer qu'un miracle est un événement inexpliqué. [...] La preuve par le miracle tient donc à la fois de l'appel à l'ignorance (X n'est pas expliqué donc j'ai raison de croire que c'est Dieu qui l'a fait) et du raisonnement circulaire (Dieu explique les miracles qui expliquent Dieu) » (p. 141-142).

Encore une fois, il s'agit là d'attaques de l'homme de paille. Aucun philosophe théiste ne soutient simultanément que Dieu explique les miracles et que les miracles expliquent Dieu. Ce que nous disons en revanche, c'est qu'il existe des phénomènes qui ne peuvent avoir aucune explication naturelle ; par conséquent, nous devons postuler l'existence de causes surnaturelles pour les expliquer. Cette affirmation n'est en aucune façon circulaire, elle n'est pas non plus un appel à l'ignorance. En effet, nous ne disons pas « à l'heure actuelle, cet événement est inexpliqué par la science, donc c'est Dieu qui l'a fait » : ce serait tomber dans un vulgaire « Dieu bouche-trou » que Thomas Durand critique à juste titre. Il est tout à fait vrai que nous ne devons pas chercher à combler nos lacunes scientifiques par l'appel au surnaturel. Aucun théiste sérieux ne dira le contraire. En revanche, Thomas Durand confond ici ce qui est inexpliqué par la science à l'heure actuelle, et ce qui est inexplicable par la science en principe. Cette distinction est pourtant fondamentale ! Dire qu'un événement ne pourra jamais être expliqué scientifiquement car aucune loi physique n'est capable d'en rendre compte n'est pas un appel à l'ignorance, bien au contraire.

Un événement surnaturel proprement défini n'est pas un « événement inexpliqué par la science à l'heure actuelle », mais bien un « événement dont nous savons à l'avance qu'il n'aurait pas pu arriver si seules les lois de la physique avaient été opérantes ». Ainsi, pour attester solidement qu'un miracle a eu lieu, il faut donc nous assurer que le phénomène en question soit inexplicable en principe par les lois de la physique 191.

Prenons un exemple. Imaginons qu'un arbre vous tombe dessus et brise l'os de votre jambe. Votre os est désormais en deux morceaux, espacés de plusieurs centimètres. Des amis croyants décident de prier pour vous au nom de Jésus, en mettant la main sur votre jambe. Soudain, vous sentez votre os bouger et se recoller à l'autre morceau. Stupéfaits, vos amis contactent des médecins qui confirment que votre os n'est plus cassé. Les radiographies montrent qu'il est parfaitement recollé : vous pouvez désormais marcher.

Allez-vous en conclure qu'il n'y a pas eu d'intervention surnaturelle ? Non, bien sûr. Vous savez que ce qui vient d'arriver est contraire aux lois de la physique. Un os cassé n'aurait pas pu se recoller subitement si seules les lois de la biologie — que l'on connaît plutôt bien — avaient été opérantes. Il serait absurde de dire : « On ne peut pas conclure au miracle, puisque la science arrivera peut-être un jour à expliquer le phénomène des os qui repoussent lorsqu'on prie au nom de Jésus. » Ce type de réflexion, ce sophisme d'appel au futur, serait parfaitement inadapté dans ce contexte.

D'ailleurs, il y a fort à parier que, si Thomas Durand était témoin d'un tel phénomène, il croirait au surnaturel. Simplement, il ignore peut-être que ce cas s'est déjà produit.

Le cas de Pierre de Rudder 192

En 1867, Pierre de Rudder se fracture la jambe gauche, broyée par la chute d'un arbre. Les deux os du pied sont brisés un peu en dessous du genou. La partie inférieure de la jambe est mobile dans tous les sens, les os brisés étant séparés de trois centimètres. Les plaies sont gangrenées. Pendant huit ans, sa souffrance ne fait qu'empirer. Dans leurs rapports, tous les docteurs déclarent le blessé comme étant incurable.

« Pierre De Rudder a démontré à maintes reprises comment il pouvait faire pivoter son talon vers l'avant et ses orteils vers l'arrière dans un virage de 180 degrés ! Sa jambe balançait comme un chiffon, se détachant presque. [...] Ces faits sont une illustration évidente que le tibia et le péroné gauche furent fracturés. Il s'agissait d'une fracture ouverte infectée : une pseudarthrose flottante 193. »

Dans une lettre adressée au docteur J. Houtsaegher, un ami de Pierre témoigne que, le vendredi avant sa guérison, « la partie inférieure de la jambe gauche était tellement brisée que le pauvre pouvait tourner sans difficulté ses orteils vers l'arrière pendant que le genou restait en place. Lorsqu'il plia sa jambe, deux morceaux d'os étaient visibles ; ils n'avaient plus une couleur naturelle, ils ressemblaient plutôt aux ossements que l'on trouve dans les cimetières. » Le 6 avril 1875 (veille de la guérison), les deux pièces d'os perforaient la peau, séparaient une plaie purulente de trois centimètres. La jambe inférieure ballottait et pouvait toujours être retournée 194.

Le 7 avril 1875, Pierre décida d'aller à la basilique d'Oostakker. Il rapporte avoir été submergé d'émotion en voyant le sanctuaire. Il ressentit alors le besoin de poser ses béquilles et de s'agenouiller en signe de révérence, alors qu'il demandait l'intercession de Notre-Dame de Lourdes. Soudain, lors de sa prière à la Vierge, il sentit quelque chose se passer dans son corps. Sans s'en rendre compte, il se précipita sans ses béquilles, traversa le rang des pèlerins et se jeta à genoux devant la grotte. Il s'aperçut alors qu'il était guéri ; il se tenait debout, marchait avec aisance et ne ressentait aucune douleur. Il se fit rapidement examiner par l'équipe médicale qui déclara que la jambe n'était plus enflée et que les plaies avaient toutes été cicatrisées. Mais le plus incompréhensible pour les médecins, c'est que les os séparés s'étaient rejoints malgré les trois centimètres qui les séparaient auparavant, et s'étaient soudés l'un à l'autre, si bien que la jambe brisée était intégralement reconstituée. Tous les notables du lieu (médecins, magistrats, chirurgiens, etc.) signèrent un long rapport pour laisser un témoignage authentique de ce fait. Plusieurs incroyants et ultra-sceptiques se convertirent sur place devant l'évidence fulgurante du miracle. Pierre mourut en 1898 d'une pneumonie et son corps fut exhumé le 24 mai 1899, permettant au docteur van Hoestenberghe de prélever l'os de la jambe pour des analyses. En 1929, des radiographies furent réalisées sur l'os, afin de pouvoir constater cette guérison à l'aide des moyens médicaux modernes et compléter ainsi le dossier médical. L'os demeurait toujours parfaitement recollé 195.

Thomas Durand souhaite-t-il découvrir un autre cas inexplicable en principe par la science ? Nous lui proposons celui de la guérison miraculeuse de Francis Pascal.

Le cas de Francis Pascal

Le 28 août 1938, Francis Pascal, aveugle de naissance et paralysé des membres inférieurs, fut guéri de sa cécité et de sa paralysie à l'âge de trois ans et dix mois, à la suite d'un bain dans la piscine de Lourdes. Le garçon put ensuite apprendre à lire et à écrire comme tous les autres enfants de son âge. Il est évident que ce genre de guérison exclut tout type d'explication naturelle, en particulier d'ordre psychosomatique, car l'enfant n'avait évidemment pas encore atteint l'âge de raison et ne saurait avoir des prédispositions psychologiques au surnaturel.

Le fait qu'un grand nombre d'enfants et de non-croyants aient été guéris à Lourdes exclut toute forme d'explication d'ordre psychosomatique. L'un des spécialistes des investigations miraculeuses de Lourdes rapporte d'ailleurs quelques cas qui ne pouvaient avoir une explication de cet ordre, comme la guérison instantanée d'un visage complètement défiguré ou d'un pied bot chez un enfant d'un an et demi (alors que certains médecins non catholiques l'avaient déclaré permanent). Il cite également le cas d'une guérison d'un enfant de trois ans dont les os avaient été complètement rongés en raison d'un cancer en phase terminale. Après cette guérison, même les « os de son cortex cérébral ont grandi de nouveau et se sont remis en place 196 ».

De manière générale, le travail réalisé à Lourdes est très rigoureux sur le plan scientifique (ce qui devrait plaire aux exigences des zététiciens). Le vote des médecins doit impérativement respecter une série de sept critères appelés les critères de « Lambertini » : ceux-ci sont précis, bien choisis et très restrictifs, et ont été mis au point entre 1734 et 1737 par le cardinal Prospero Lambertini, futur pape Benoît XIV. Pour qu'une guérison soit reconnue :

  1. il faut que la maladie soit grave, de pronostic défavorable ;

  2. il faut que la maladie soit connue et répertoriée par la médecine ;

  3. il faut que cette maladie soit organique, lésionnelle, c'est-à-dire qu'il y ait des critères objectifs, biologiques, radiologiques — tout ce qui existe actuellement en médecine ; cela signifie qu'aujourd'hui encore, on ne reconnaîtra pas des guérisons de pathologies sans critère objectif précis, comme les maladies psychiques, psychiatriques, fonctionnelles, nerveuses, etc. 197 ;

  4. il ne faut pas qu'il y ait eu de traitement auquel on puisse attribuer la guérison ;

  5. la guérison doit être instantanée et sans convalescence ;

  6. il ne faut pas simplement une régression des symptômes, mais bien un retour de toutes les fonctions vitales ;

  7. il ne faut pas simplement une rémission, mais bien une guérison, qui soit donc durable et définitive.

L'Église reçoit chaque année des centaines de dossiers de personnes qui se revendiquent miraculées. Elle est en réalité beaucoup plus sceptique que les gens ne croient : après une enquête canonique rigoureuse pour examiner ces dossiers, seul 1 % d'entre eux finit par être reconnu, avant que les personnes puissent être déclarées miraculées. Ainsi, les conditions d'authentification miraculeuse sont si strictes que de multiples cas non reconnus sur les soixante-dix mille sont sûrement, eux aussi, des miracles authentiques. Par exemple, le Bureau des constatations médicales de Lourdes n'a pas reconnu le cas d'un visiteur méthodiste qui fut immédiatement guéri de sa cécité déclarée incurable (due à une dégénérescence maculaire). Le Bureau rejeta ce miracle, car la personne en question voyait encore un peu flou sans ses lunettes 198.

Les miracles de guérisons constituent, en eux-mêmes, une réfutation pure et simple du matérialisme et devraient remplir les exigences des zététiciens car, pour chaque cas, nous disposons d'un dossier médical solide : de quoi réjouir ceux qui demandent une preuve « scientifique » du surnaturel !

Revenons-en aux affirmations de Thomas Durand :

« Tous ceux qui n'ont pas vécu eux-mêmes un miracle n'ont à leur disposition qu'un récit, un récit en désaccord avec ce que nous savons du fonctionnement du monde. Ce que nous avons à juger, à expliquer, le plus souvent, ce n'est pas le miracle : c'est le récit du miracle ; un récit influencé de mille manières, recomposé après les faits, souvent de deuxième main... Est-il raisonnable de remettre en cause le fonctionnement du monde sur la base d'un récit de ce genre ? » (p. 142).

Notons que Thomas Durand ne fait même pas la distinction fondamentale entre les miracles d'origine purement testimoniale et les miracles d'origine scientifique (c'est-à-dire empiriquement vérifiés par la méthode scientifique). C'est précisément ce second type de miracles dont il est question pour les guérisons de Lourdes. Thomas Durand va-t-il sérieusement considérer les rapports médicaux du Bureau médical de Lourdes comme des « récits miraculeux » ? Si oui, comment pourrait-il expliquer ces récits miraculeux, contrôlés par des dizaines de médecins (dont beaucoup ne sont pas catholiques) venus du monde entier ? Par un complot organisé par ces mêmes médecins ? Nous lui souhaitons bien du courage pour donner des éléments concrets.

Les miracles, un fait passé ?

« Les miracles les plus importants des religions sont censés s'être produits dans le passé » (p. 142). On fera remarquer à Thomas Durand que tout miracle s'est produit dans le passé. Aux dernières nouvelles, les miracles n'arrivent pas dans le futur (qui n'existe pas encore) ! Passons.

Thomas Durand veut probablement dire par là que les miracles majeurs (de Jésus ou de Moïse), s'étant produits dans un passé lointain, ne sont pas fiables ou dignes d'être pris au sérieux. Mais c'est là une véritable faute épistémologique. Le fait qu'un événement se soit produit il y a longtemps ne remet pas en doute sa fiabilité (à moins de remettre en question la guerre des Gaules de Jules César, la destruction du Temple de Jérusalem, la guerre opposant les Juifs et les Romains sous Néron, etc.). Or, la méthode historique ne fonctionne pas ainsi : peu importe si un événement a eu lieu il y a longtemps ou non ; ce qui compte, c'est qu'il soit bien attesté par des témoignages solides auxquels nous pouvons accorder du crédit.

Si ceux qui nous rapportent ce témoignage sont en bonne santé mentale et s'ils n'ont aucun intérêt personnel particulier à le faire (pouvoir, argent, sexe), alors il est tout à fait légitime de considérer sérieusement les informations qu'ils donnent. Mieux, si ces témoins racontent des faits qui ne sont pas à leur avantage, alors nous savons qu'ils ne cherchent pas à nous duper (personne n'aime inventer des histoires embarrassantes à son égard rien que pour le plaisir). Plus les critères d'authenticité historique sont présents, plus nous avons entre nos mains des témoignages solides sur lesquels nous pouvons nous appuyer 199.

Mais Thomas Durand semble rejeter la fiabilité du témoignage historique par principe :

« L'histoire n'est pas un enregistrement vidéo du passé mais un puzzle dont presque toutes les pièces manquent [...]. Si l'on accepte que les lois de la nature peuvent être congédiées lors d'événements miraculeux, alors on perd la légitimité d'utiliser des arguments historiques, car on instaure une situation où il est impossible d'étudier rationnellement l'histoire. Mécaniquement, on invalide aussitôt toute interprétation des faits historiques, y compris les interprétations miraculeuses ; le passé ne peut plus rien nous dire » (p. 142-143).

On retombe là encore dans une erreur flagrante de la zététique : l'épistémologie scientiste. Tant que le zététicien n'a pas une preuve matérielle et scientifique telle qu'un « enregistrement vidéo du passé », il n'y croira pas. Mais cette exigence est intenable rationnellement, car elle nous empêcherait d'avoir une quelconque connaissance historique de quoi que ce soit. En effet, les enregistrements vidéo n'étant apparus qu'à la fin du XIXe siècle, nous ne pourrions avoir aucune connaissance historique antérieure à cette période si ce critère était valable. Un véritable suicide de la raison !

De manière générale, il est faux de soutenir que l'absence d'enregistrement vidéo implique que « presque toutes les pièces [du puzzle] manquent ». Les historiens savent et peuvent établir des faits historiques certains en se basant uniquement sur le témoignage humain. Sans ce témoignage, toutes nos connaissances historiques s'écroulent.

D'ailleurs, balayer ainsi la valeur du témoignage d'un revers de la main, comme le fait Thomas Durand, rendrait impossibles les jugements dans les tribunaux aujourd'hui. En effet, la justice ne dispose pas toujours de « preuve scientifique » de la culpabilité de l'accusé. Tous les crimes n'ont pas été enregistrés par vidéosurveillance ou détectés grâce à des traces ADN. Dans bien des cas, les juges doivent donc se baser exclusivement sur le témoignage pour reconstituer ce qui s'est passé, en faisant appel à plusieurs témoins. En les interrogeant séparément, ils déterminent si leur version des faits tient la route et si elle se recoupe bien avec la version des autres. C'est aussi, dans une certaine mesure, ce que fait l'historien.

Le témoignage humain constitue donc une source fiable pour acquérir des connaissances de manière générale. Mais qu'en est-il de son application aux phénomènes miraculeux ? Peut-on vraiment l'utiliser pour justifier rationnellement un miracle ? Nous répondrons qu'en théorie, il est possible d'attester objectivement qu'un miracle a eu lieu dans un passé lointain. Il suffit pour cela d'établir un nombre de faits historiques certains (ou quasi certains) et d'en chercher la meilleure hypothèse explicative. On commence évidemment par chercher les hypothèses naturelles. Mais si jamais aucune ne tient la route, alors il faut admettre que l'hypothèse surnaturelle est envisageable. Dans le cadre de la résurrection de Jésus par exemple, il est possible d'établir avec certitude que Jésus est mort sur la croix, qu'il a été enseveli, que son tombeau a été retrouvé vide trois jours après sa mort, que de nombreuses personnes aux profils psychologiques différents ont dit l'avoir vu ressuscité, et que les apôtres ont prêché la résurrection malgré les persécutions 200. La question est : quelle est la meilleure hypothèse explicative de ces faits historiques ? Dans notre livre Soyez rationnel, devenez catholique !, nous avons montré qu'aucune hypothèse naturelle ne pouvait expliquer la conjonction de ces faits. Par conséquent, selon la célèbre formule de Sherlock Holmes citée par Frédéric Guillaud, « quand on a éliminé l'impossible, ce qui reste, aussi improbable soit-il, doit être la vérité 201 ».

À moins de démontrer l'inexistence de Dieu, on ne peut pas présupposer que les miracles sont impossibles a priori. Car, si Dieu existe, les miracles sont possibles ! Rejeter cette possibilité sans avoir au préalable démontré l'inexistence de Dieu serait donc une pétition de principe. De même, si le témoignage humain est fiable par nature (à moins d'avoir de bonnes raisons de penser le contraire 202), alors on ne voit pas pourquoi une quantité suffisante de témoignages humains ne pourrait pas rendre l'hypothèse du miracle plausible. Nous le verrons en abordant celui de Fátima.

Attaque envers la prière

Thomas Durand s'attaque ensuite à la prière en déclarant que ses effets ne sont pas mesurables pour les guérisons : « Assurément, si la prière était efficace, ses effets seraient mesurables » (p. 143). Ici, notre zététicien commet une erreur, liée à son épistémologie vérificationniste, sur le but et le rôle de la prière. Dieu peut tout à fait refuser de voir sa providence mise à l'épreuve et « testée ». Il n'a pas à se soumettre aux requêtes des êtres humains qui voudraient effectuer des statistiques sur la prière par des effets mesurables (il n'est pas une machine au fonctionnement linéaire, mais une entité libre par définition). La prière a pour vocation de faire entrer en relation d'amour avec Dieu, et non d'être l'objet d'une enquête scientifique. C'est précisément cela que Thomas Durand échoue à comprendre 203.

En ce qui concerne Lourdes, ce dernier affirme :

« On estime que dans le monde médical, c'est-à-dire hors de tout contexte impliquant le surnaturel, un patient sur 100 000 connaît une guérison inexpliquée, et un cas sur 300 000 pourrait être considéré comme miraculeux par la commission de Lourdes [...]. Ces chiffres montrent que Lourdes n'est pas plus propice aux miracles que n'importe quel hôpital au monde, en conséquence de quoi nous ne sommes pas en présence d'un lieu où se produiraient des choses qui attendent une explication spécifique » (p. 144).

Il est normal que les guérisons ne soient pas fréquentes. Cela fait partie de leur caractère miraculeux. Si elles se produisaient souvent, elles perdraient leur aspect extraordinaire. Certaines guérisons inexpliquées ont d'ailleurs lieu dans les hôpitaux, mais cela ne signifie pas que le surnaturel est nécessairement exclu, comme le prétend implicitement Thomas Durand. En effet, Dieu peut très bien opérer une guérison miraculeuse en dehors d'un contexte purement religieux. Les prières de guérison n'ont pas besoin d'être prononcées dans un lieu particulier (comme Lourdes) pour être valables. Il n'est pas exclu que Dieu guérisse directement les gens dans les hôpitaux.

De plus, ce qui compte n'est pas tant la fréquence des guérisons que leur caractère inexplicable par la science. Or, pas un instant Thomas Durand n'aborde cette question. Il ne tente même pas de donner des explications aux cas de guérisons les plus connus de Lourdes, comme ceux de Pierre de Rudder, de Francis Pascal, de Marie Bailly, d'Anna Santaniello, etc.

Pourquoi Dieu ne se manifeste-t-il pas davantage ?

Thomas Durand se plaint du fait que Dieu ne réalise pas des miracles encore plus extraordinaires pour que tout le monde puisse croire en lui :

« Quelle étrangeté, toutefois, d'imaginer un Dieu qui se manifesterait volontairement à travers un miracle mais qui serait incapable d'aller au bout de la démarche, comme s'il se retenait de convaincre le sceptique de son existence, alors que, bien évidemment, il pourrait le faire sans peine, omnipotent qu'il est. [...] Si Dieu existe et souhaite que nous croyions en lui, rien ne lui est plus facile. Nous resterions libres de l'aimer, de le haïr ou de rester indifférent à ses projets. [...] Ce serait une belle preuve de respect de la part de Dieu envers sa créature » (p. 147 et 174).

La question sous-jacente que pose Thomas Durand est la suivante : pourquoi Dieu ne rend-il pas son existence plus évidente ? Après tout, il pourrait tout à fait apparaître dans le ciel ou réaliser un signe splendide, visible par tous simultanément sur toute la Terre. Pourquoi donc ne le fait-il pas ? Dieu reste le seul à pouvoir répondre à cette question. On ne pourra en connaître les raisons que s'il accepte de les révéler.

La Révélation chrétienne apporte une réponse : Dieu n'a aucun intérêt à ce que nous connaissions simplement son existence. Ce qu'il cherche, c'est une relation d'amour avec nous. Or, si Dieu s'imposait aux hommes en se montrant réellement, il n'est pas certain que cela disposerait davantage de personnes à vivre une relation d'amour avec lui. Au contraire, même : cela pourrait en rebuter certains qui se sentiraient dérangés dans leur liberté 204.

Dieu préfère rester discret, même s'il donne largement assez de signes et de preuves de son existence qui devraient convaincre toute personne raisonnable et de bonne foi. Il suffit de prendre le temps d'étudier un peu les miracles pour constater que Dieu nous donne en réalité des preuves flamboyantes de son existence (voir les miracles cités précédemment). Il faut simplement avoir le cœur et l'intelligence disposés à les chercher.

Que faudrait-il à Thomas Durand pour croire aux miracles ?

Les apologistes ont coutume de demander aux athées ce qui serait susceptible de les faire croire aux miracles. Thomas Durand nous a donné sa réponse :

« Un œil extérieur sceptique, quant à lui, serait bien plus amené à "croire" au miracle s'il s'agissait d'un événement sans précédent ou réputé impossible, comme la repousse d'un membre amputé (qui se produit chez certains animaux tels que la salamandre) ou l'apparition d'un ange dans le champ d'une caméra en état de marche » (p. 146).

Malheureusement, il poursuit ainsi : « Les preuves historiques des miracles et des prophètes sont absentes, les preuves physiques des miracles contemporains tout autant » (p. 146).

Nous lui répondrons qu'une telle assertion sans aucune justification n'est pas sérieuse intellectuellement. Dire que les miracles sont absents n'est pas un argument, mais une simple allégation infondée. Et cela prouve une fois de plus que Thomas Durand n'a pas pris le temps d'étudier sérieusement la question, ou bien qu'il ne souhaite pas être convaincu, tout simplement. À toutes fins utiles, nous pouvons lui citer un miracle très bien attesté qui satisfera son critère : la repousse d'un membre amputé.

Juan Miguel Pellicer : une jambe amputée repousse 205

Miguel Juan Pellicer est né au début du XVIIe siècle dans une famille catholique à Calanda, en Espagne. En 1637, alors qu'il avait 20 ans, il travaillait dans la ferme de son oncle lorsqu'un terrible accident se produisit : il chevauchait un âne tirant une charrette et tomba accidentellement. La charrette roula sur sa jambe droite, lui brisant le tibia. On l'emmena dans un hôpital spécial de la ville de Saragosse dédié à Notre-Dame du Pilier. Comme beaucoup de catholiques en Espagne, Pellicer avait une forte dévotion pour la Vierge Marie et il espérait bénéficier de son intercession.

Malheureusement, au moment où il fut arrivé, sa jambe était si gangrenée qu'elle était noire. La seule option était alors l'amputation. Deux chirurgiens experts ont retiré la majeure partie de la moitié inférieure de sa jambe droite juste en dessous de son genou. Sa jambe amputée fut enterrée dans le cimetière de l'hôpital, comme c'était la coutume. Quelques mois plus tard, Miguel sortit de l'hôpital avec une jambe de bois et une béquille. Mais il ne perdait espoir que Dieu puisse encore guérir sa jambe, aussi impossible que cela puisse paraître. Dans un acte de foi, chaque nuit pendant deux ans, il priait et demandait l'intercession de Notre-Dame.

Deux ans plus tard, le 29 mars 1640, Miguel était rentré chez ses parents. Un soir, un soldat séjournait temporairement dans la maison et s'était endormi dans la chambre de Miguel. Miguel s'est donc couché dans la chambre de ses parents. Environ une heure plus tard, sa mère s'apprêta à aller se coucher lorsqu'elle vit deux pieds dépasser de la couverture. Pensant que le soldat s'était endormi dans la mauvaise chambre, elle appela son mari pour résoudre le malentendu. Mais quand son mari arriva, les deux découvrirent avec stupeur que leur fils avait désormais ses deux jambes ! La jambe jusqu'alors coupée est entièrement saine. Elle avait tout simplement repoussée pendant la nuit !

La nouvelle du miracle se répandit dans les villes environnantes, et les responsables gouvernementaux et ecclésiastiques vinrent chez eux pour voir par eux-mêmes sa jambe guérie. Trois semaines plus tard, Pellicer et ses parents firent un pèlerinage au Sanctuaire du Pilier pour rendre grâce, et beaucoup de gens là-bas qui l'avaient connu avec sa jambe tronquée ont été stupéfaits de le voir avec les deux jambes. Un grand nombre d'entre eux sont venus eux-mêmes palper et constater de leurs propres mains que la jambe avait été guérie.

L'histoire fit tellement sensation que l'archevêque local mena une enquête approfondie sur le miracle. En ce qui concerne les témoignages oculaires, il y avait évidemment des milliers de personnes qui avaient clairement vu sa jambe tronquée avant le miracle. Les enquêteurs ont donc demandé à deux douzaines des témoins les plus respectés de témoigner dans le cadre de la procédure judiciaire, y compris des médecins qui avaient amputé Miguel deux ans auparavant. Le procès a eu lieu pendant quatorze sessions. Chaque personne devait jurer qu'elle connaissait Miguel avant sa guérison. Aucune personne remettant en question le miracle n'a pu être trouvée.

Les sources historiques sont abondantes pour ce miracle. Nous avons accès à la totalité de la transcription du procès. Des pamphlets, d'innombrables articles de journaux à la fois de croyants et de sceptiques qui ont entendu parler de cet événement extraordinaire. Un premier document officiel a été enregistré le 5 avril 1640 (soit moins d'une semaine après la guérison miraculeuse !).

Un tel miracle entre bel et bien dans les exigences ultra-sceptiques de Thomas Durand puisqu'il s'agit « d'un événement sans précédent ou réputé impossible, comme la repousse d'un membre ». Malheureusement, il y a fort à parier que Thomas Durand rejetterait ce miracle a priori parce qu'il a eu lieu il y a quelques siècles. Nous avons déjà montré en quoi une telle réponse est défectueuse puisqu'elle aboutirait à un scepticisme historique intégral de faits solidement attestés. En revanche, nous n'augmenteront pas davantage ce point ici. En effet, nous avons largement de quoi satisfaire les exigences scientistes du zététicien en lui présentant des miracles semblables qui sont tout à fait récents et directement attestés par l'analyse médicale moderne. Le scepticisme historique irrationnel de Thomas Durand ne fera donc pas l'affaire pour le prochain miracle que nous allons exposer. Nous invitons évidemment le lecteur à vérifier les sources de lui-même.

Le cas de Bruce Van Natta : la repousse d'un intestin

Le 16 novembre 2006, Bruce travaillait sous un camion de 4,5 tonnes pour le réparer. Mais la structure qui maintenait le véhicule en hauteur glissa et le camion lui tomba dessus. Une barre en métal écrasa son abdomen et transperça son ventre, le faisant saigner abondamment. Son intestin fut complètement déchiré. Bruce fut conduit à l'hôpital universitaire du Wisconsin. Les chirurgiens ne parvinrent pas à comprendre comment son cœur battait encore après que le camion lui eut sectionné cinq artères majeures, lui faisant perdre trois litres de sang. Ils décidèrent de réaliser sur lui quatre opérations (dont une iléostomie) et lui retirèrent 75 % de son intestin grêle (dont 93 % de l'iléon 206).

Le chirurgien Michael Schurr indiqua que plus de 5,5 mètres de son intestin grêle lui furent retirés, si bien qu'à la quatrième opération, il ne mesurait plus que 0,95 centimètre. Comme il lui était impossible de digérer, Bruce ne pouvait s'alimenter par voie orale et perdit beaucoup de poids (27 kilos en trois mois). Les médecins pensèrent qu'il allait lentement mourir de faim, parce qu'il n'avait pas assez d'intestin grêle pour bien absorber la nourriture.

En février 2007, Bruce Carlson, un ami de New York, eut la forte impression que Dieu l'appelait à venir prier pour lui. Il décida donc de s'envoler vers le Wisconsin. Arrivé dans la chambre d'hôpital, Carlson imposa les mains sur Van Natta et ordonna à son intestin de repousser au nom de Jésus-Christ. Le patient rapporte avoir senti à ce moment-là une « décharge électrique entrer dans son front et descendre jusqu'à l'estomac ». Son intestin se mit alors à s'agiter tout seul dans son ventre. Les médecins décidèrent ensuite de réexaminer Bruce et purent confirmer, à leur grande stupeur, que l'intestin avait bel et bien repoussé tout seul ! Confus, ils voulurent examiner Bruce aux rayons X et ne purent croire ce qu'ils observèrent : l'intestin avait bel et bien repoussé!

Le radiologue Andrew Taylor confirma par écrit que l'intestin grêle de Bruce avait bien grandi à nouveau et qu'il mesurait désormais plus de trois mètres ! Les tomodensitogrammes et les examens Doppler prouvèrent que l'intestin grêle de Van Natta avait triplé de longueur. Le résultat fut confirmé par le docteur Michael Schurr dans un second temps.

Ce fait est absolument stupéfiant ! Pourtant, il est bien réel. Les assistants opératoires ont vu de leurs propres yeux l'intestin grêle se reconstituer tout seul, suite à cette prière au nom du Christ. Il est absolument impossible d'expliquer cela par la science en principe. Cet événement n'aurait pas pu se produire si seules les lois de la physique avaient été opérantes. Nous avons là une preuve supplémentaire irréfutable de la fausseté du matérialisme athée, tout en ayant satisfait aux exigences de Thomas Durand.

Affirmation extraordinaire ⇒ preuves extraordinaires ?

Thomas Durand cite le slogan athée de Carl Sagan : « Une affirmation extraordinaire requiert des preuves extraordinaires » (p. 149). Cet argument contre les miracles est malheureusement trop connu. Il se reconstruit approximativement sous cette forme :

  1. Une affirmation extraordinaire requiert des preuves extraordinaires.

  2. Dire qu'un miracle a eu lieu est une affirmation extraordinaire.

  3. Donc un miracle requiert des preuves extraordinaires pour être cru.

  4. Je ne sais pas ce que j'entends par « extraordinaire », mais quoi que vous disiez, ce ne sera jamais assez.

  5. Donc personne ne peut croire aux miracles de manière justifiée.

Si l'on entend « extraordinaire » au sens de « très improbable », alors il est parfaitement faux de soutenir qu'une affirmation extraordinaire requiert des preuves extraordinaires. Par exemple, si je vous annonce que j'ai gagné au loto, vous diriez sans doute que c'est là quelque chose de très improbable. Mais je n'ai pas besoin d'avoir des preuves extraordinaires pour que vous me croyiez. Il vous suffirait d'entendre mon nom à la télévision.

De même, si des médecins compétents constatent unanimement qu'un intestin s'est mis à repousser et à tripler de taille après une prière au nom de Jésus, vous êtes en droit de conclure qu'un événement extraordinaire (comme un miracle) a eu lieu, bien que le rapport médical ne constitue pas, en lui-même, une « preuve extraordinaire ».

D'ailleurs, les théoriciens des probabilités s'accordent à dire, depuis l'époque de John Stuart Mill, que l'affirmation « un événement très improbable nécessite des preuves extraordinaires » est fausse. En effet, ils se sont rendu compte que, si nous exigeons chaque fois des preuves extraordinaires pour des événements improbables, il y a de nombreuses choses ordinaires mais hautement improbables que nous ne pourrions pas croire. Il ne faut pas se borner à dire que l'événement est improbable a priori pour conclure qu'il n'a pas eu lieu. Il faut aussi évaluer la probabilité d'observer les mêmes faits si ce miracle ne s'était pas produit 207.

Les miracles prouvent-ils l'existence de Dieu ?

Thomas Durand finit par déclarer que même un miracle ne constituerait pas une preuve de l'existence de Dieu :

« Quand bien même on se trouverait devant un phénomène qui résiste à toutes les enquêtes, [...] tiendrions-nous la preuve de l'existence d'un Dieu tout-puissant créateur de l'univers et du monothéisme ? La réponse est non, car les ressources de notre imagination peuplent le domaine de l'impossible d'une infinité de contre-propositions : un démiurge, une civilisation extraterrestre, une conscience émergente au sein du cosmos, une entité super-évoluée venue du futur, un monde onirique où tout n'existe que parce que vous rêvez, ce qui vous autorise à infléchir les lois de la nature, ou encore un créateur tout-puissant mais parfaitement sadique qui s'amuse à nous plonger dans la perplexité... » (p. 148).

Il est vrai que les miracles ne prouvent pas l'existence de Dieu avec tous les attributs du théisme classique. C'est là le rôle de la théologie naturelle (en particulier des arguments cosmologiques). En revanche, les miracles suffisent amplement à réfuter le matérialisme athée. Du reste, il est évident que les autres alternatives proposées par Thomas Durand ne sont pas crédibles, voire sont franchement farfelues :

  • Une « civilisation extraterrestre » ne pourra jamais être à l'origine d'un miracle, car d'éventuels extraterrestres seraient des entités naturelles. Ils n'auraient pas le pouvoir d'agir en dehors des lois de la nature.

  • De même pour une « conscience émergente au sein du cosmos ». Cette conscience ne peut rien faire pour contrôler les lois du cosmos, puisqu'elle tient son origine du cosmos même.

  • Une « entité super-évoluée venue du futur » est un terme beaucoup trop flou et indéfini pour être pris au sérieux (contrairement au Dieu du théisme classique), d'autant plus que le voyage dans le passé est impossible 208.

  • La notion de « monde onirique » que propose Thomas Durand comme alternative au miracle est parfaitement inintelligible. Ce qui est onirique est relatif au rêve, et nos rêves ne reflètent pas le réel. Ce ne sont que des projections de la pensée. Or, les faits miraculeux relèvent bel et bien du réel 209.

Enfin — et ce point est capital —, Thomas Durand refuse de prendre en considération les implications logiques des miracles et leur signification dans un contexte précis. Si une hostie se met à saigner au moment même où le prêtre prononce les paroles de la consécration durant la messe, et que, par la suite, cette hostie est analysée par des experts en pathologie cardiaque qui estiment qu'il s'agit d'un morceau de chair humaine provenant du cœur (le myocarde), que ce cœur a beaucoup souffert et qu'il contient des cellules encore vivantes, il est bien évidemment absurde de ne pas penser à la passion du Christ. En effet, le contexte du miracle est important pour pouvoir discerner son origine. Dans le contexte d'un miracle eucharistique ou d'une guérison subite à Lourdes, il serait absurde de soutenir l'hypothèse des extraterrestres ou du démiurge maléfique. De même, si vous priez pour la guérison de votre ami qui a perdu la quasi-totalité de son intestin en invoquant le nom de Jésus et que l'organe se met à repousser spontanément, vous n'allez pas dire : « Si ça se trouve, une entité super-évoluée venue d'un monde onirique vient de guérir mon ami ! » Cela n'aurait aucun sens.

Notes de bas de page

191 Lucien Daly a donné une définition scientifique du miracle : « Un miracle est un fait que la science ne pourra jamais expliquer ni reproduire (pour des raisons qu'elle peut préciser) » (Enquête sur les miracles, Projet Nouveau Regard, Éditions du Jubilé, 2015).
192 Pour une analyse détaillée de l'histoire de Pierre de Rudder, voir l'excellent dossier publié par le docteur Alfred Deschamps : https://www.furet.com/media/pdf/feuilletage/9/7/8/2/0/1/1/9/9782011949622.pdf.
194 Voir le rapport du vicaire.
195 Docteur Philippe Madre, La guérison extraordinaire existe-t-elle ?, Berg, 1982, p. 65.
196 Malcolm L. Diamond, « Miracles », Religious Studies, vol. IX, 1973, p. 307-324.
197 Cela ne signifie pas qu'on ne puisse pas guérir de ces maladies-là, mais selon les critères de l'Église, ce ne sera pas reconnu comme miracle dans l'état actuel des choses.
198 Benedict Heron, Channels of Healing Prayer, Ave Maria Pr., 1992, p. 142-143.
199 Parmi les critères d'authenticité historique, on retrouve : 1) le critère d'embarras (déjà évoqué) ; 2) le critère de la datation (il est préférable qu'un document ne soit pas écrit bien après les faits) ; 3) le critère d'attestation multiple (plusieurs sources attestant du même fait sont toujours meilleures qu'une seule source) ; 4) le critère de cohérence interne (pas de contradiction flagrante dans les récits sur des faits importants) ; 5) le critère de dissimilarité (plusieurs récits qui racontent substantiellement la même chose sous un angle différent). On notera que les Évangiles répondent à chacun de ces critères, renforçant incontestablement leur crédibilité historique.
200 Un ouvrage de référence pour établir la vérité de ces faits historiques nous vient de William Lane Craig : The Son Rises: The Historical Evidence for the Resurrection of Jesus, Wipf & Stock Publ., 1981.
201 Frédéric Guillaud, Catholix reloaded, Cerf, 2015, p. 145.
202 Si le témoin est mentalement déséquilibré ou mal intentionné.
203 Pour une critique scientifique détaillée de la « mesurabilité de la prière », lire notamment : J. T. Chibnall, J. M. Jeral & M. A. Cerullo, « Experiments on Distant Intercessory Prayer: God, Science, and the Lesson of Massah », Archives of Internal Medicine, 161(21), déc. 2001, 2529-2536 ; C. Andrade & R. Radhakrishnan, « Prayer and healing: A medical and scientific perspective on randomized controlled trials », Indian Journal of Psychiatry, 51(4), 2009, 247.
204 À ce sujet, Blaise Pascal écrivait : « Qu'ils apprennent au moins quelle est la religion qu'ils combattent avant de la combattre. Si cette religion se vantait d'avoir une vue claire de Dieu, et de le posséder à découvert et sans voile, ce serait la combattre que de dire qu'on ne voit rien dans le monde qui le montre avec cette évidence. Mais puisqu'elle dit, au contraire, que les hommes sont dans les ténèbres et dans l'éloignement de Dieu, qu'il s'est caché à leur connaissance, que c'est même le nom qu'il se donne dans les Écritures, Deus absconditus ; et, enfin, si elle travaille également à établir ces deux choses : que Dieu a établi des marques sensibles dans l'Église pour se faire reconnaître à ceux qui le chercheraient sincèrement ; et qu'il les a couvertes néanmoins de telle sorte qu'il ne sera aperçu que de ceux qui le cherchent de tout leur cœur, quel avantage peuvent-ils tirer, lorsque dans la négligence où ils font profession d'être de chercher la vérité, ils crient que rien ne la leur montre, puisque cette obscurité où ils sont, et qu'ils objectent à l'Église, ne fait qu'établir une des choses qu'elle soutient, sans toucher à l'autre, et établit sa doctrine, bien loin de la ruiner ? [...] Ils croient avoir fait de grands efforts pour s'instruire, lorsqu'ils ont employé quelques heures à la lecture de quelque livre de l'Écriture, et qu'ils ont interrogé quelque ecclésiastique sur les vérités de la foi. Après cela, ils se vantent d'avoir cherché sans succès dans les livres et parmi les hommes. Mais, en vérité, je leur dirais ce que j'ai dit souvent, que cette négligence n'est pas supportable. Il ne s'agit pas ici de l'intérêt léger de quelque personne étrangère, pour en user de cette façon ; il s'agit de nous-mêmes, et de notre tout » (Pensées, § 194).
205 Voir Vittorio Messori, Le miracle impensable : la vérité historique sur le miracle qui dépasse tous les miracles, Mame, 2000 ; Père André Deroo, L'homme à la jambe coupée ou le plus étonnant miracle de Notre-Dame del Pilar, Fayard, 1960. Pour une analyse détaillée, voir aussi la présentation vidéo de Caleb Jackson, « God DOES Heal Amputees », à partir de 51 min 40 : https://www.youtube.com/watch?v=kv8DiG30v8s.
206 L'iléon (du latin médiéval ileum, provenant du grec eileîn, signifiant « rouler ») est une partie de l'intestin grêle, organe de l'appareil digestif.
207 Pour un nombre de faits attestés par l'enquête médicale ou historique F1, ..., Fn, on cherche alors la probabilité qu'un miracle ait eu lieu, sachant que ces faits se sont produits, et la probabilité qu'un miracle n'ait pas eu, lieu sachant que ces mêmes faits se sont produits. Une fois cette estimation établie, il suffit de regarder si le quotient P(M|(F1 & ..., & Fn)) / (non(M)|(F1 & ..., & Fn)) est supérieur à 1. Si c'est le cas, l'hypothèse du miracle sera la plus probable. Au niveau calculatoire, si l'on suppose que les faits sont indépendants, on obtient : P(M|(F1 &...,& Fn)) / (non(M)|(F1 &...,& Fn)) = (P(M)/P(non(M))) × (P(F1|M) / (F1|nonM)) ×...× ((Fn|M)P(Fn|nonM)).
208
  1. Si un voyage dans le passé était possible, alors il aurait été possible que j'aille dans le passé pour tuer ma grand-mère avant qu'elle ne donne naissance à ma mère.
  2. Or, il est impossible que je tue ma grand-mère avant qu'elle ne donne naissance à ma mère (car ma propre existence dépend de celle de ma mère).
  3. Donc le voyage dans le passé est impossible (par n° 1 et 2).
209 Il est d'ailleurs assez amusant de constater qu'un zététicien comme Thomas Durand puisse avancer une telle hypothèse, tout en se revendiquant rationaliste.