La religion, rhétorique de la peur ?
D'après Thomas Durand,
« la rhétorique de la peur est au cœur de la pensée religieuse ; les croyants sont poussés à ne pas agir "mal" pour éviter une punition suprême, et au contraire à agir "bien" (c'est-à-dire conformément au dogme) dans le but de recevoir une récompense ultime » (p. 293).
Nous lui répondrons que les chrétiens sont poussés à bien agir, non pas pour éviter un châtiment suprême ou obtenir une récompense, mais par respect inconditionnel de Dieu qui est, en soi, le bien absolu et qu'ils aiment d'un cœur sincère. De même, on doit rendre service à sa mère, non pas par peur d'une punition ou par espoir d'une récompense de sa part, mais parce qu'on veut son bien, par amour gratuit et vrai. Dans la Tradition chrétienne, la « crainte de Dieu » relève du respect filial qu'on a envers lui, non d'une « peur » d'enfant tourmenté par un père Fouettard. En deux mille ans d'observation, la religion chrétienne montre que les grands saints que l'Église considère comme des exemples de vie n'étaient pas mus par la peur, mais par la charité.