Bilan des arguments en faveur de l'existence de Dieu

Thomas Durand affirme la chose suivante :

« Tous ces arguments [en faveur de l'existence de Dieu], ou presque, sont apparentés à un appel à l'ignorance, une forme de sophisme particulièrement courante pour soustraire une idée à la contradiction. On ignore encore, dans le détail, ce qu'est la conscience, on ignore l'histoire exacte de la vie dans l'univers, on ignore ce qui se passe juste "avant" le Big Bang, on ignore si d'autres univers existent, si d'autres univers sont possibles, etc., etc. Et parce que nous ignorons tout cela, les apologètes nous disent que l'on devrait trouver logique de croire en Dieu, de substituer aux énigmes de l'univers qui nous échappent encore un mystère rassurant qui nous est familier » (p. 346-347).

Bien au contraire, les arguments théistes ne sont pas un appel à l'ignorance, comme nous l'avons vu : leurs conclusions sont logiques et rationnelles. Ils sont solidement attestés et toute personne de bonne volonté et en recherche authentique de la vérité devrait être en mesure de le reconnaître. Or, le lecteur l'aura compris, Thomas Durand critique des arguments qu'il n'a jamais pris le temps d'étudier. Après tout, à quoi bon lire des travaux académiques sérieux sur ces sujets quand on peut s'amuser à psychanalyser le croyant et lui attribuer des arguments qu'il n'a jamais défendus ?

Pourquoi les gens croient-ils ?

Le zététicien poursuit :

« Et c'est pourquoi les arguments sophistiqués des théologiens, les arguments ontologiques, la preuve par le commencement ou par le réglage fin de l'univers sont déconnectés des vraies raisons pour lesquelles les croyants croient. L'apologète est expert dans la rationalisation de sa croyance, dans la conception d'arguments qui vont soutenir son point de vue, mais il est en fait incapable d'expliquer pourquoi les gens ont tendance à croire » (p. 281).

Il est vrai que certains croient en Dieu suite à une expérience personnelle de sa présence. Mais d'autres n'ont jamais vécu rien de tel. Ces personnes doivent donc être convaincues par la vérité de la foi d'une autre manière. C'est précisément là ou l'apologétique est utile : elle permet de communiquer le contenu de la foi à ceux qui n'ont pas d'expérience sensible du divin. Et, même si la plupart des gens ne se sont pas convertis par le biais d'arguments, il existe un bon nombre de personnes à l'avoir été par la défense rationnelle de la foi.

Dans tous les cas, nul besoin que l'apologète explique pourquoi les gens ont tendance à croire. Son rôle est de montrer la vérité objective de la révélation et sa crédibilité, non d'analyser les motifs qu'ont les croyants à croire.

Enfin, accuser l'apologète d'être un « expert dans la rationalisation » ne montre pas que ses arguments sont vrais ou faux. C'est une remarque totalement hors sujet et ad personam qui, d'ailleurs, pourrait se retourner facilement contre Thomas Durand. On pourrait tout simplement l'accuser lui aussi d'être un « expert dans la rationalisation » de son athéisme auquel il ne voudrait renoncer pour rien au monde.