Les questions « défis » de Christopher Hitchens
Thomas Durand reprend enfin les questions du journaliste britannique et athée virulent Christopher Hitchens (p. 317), pour mettre à l'épreuve les croyants :
« Pouvez-vous citer un acte, une parole, une prise de position, moralement positive qu'un croyant puisse faire, mais dont un incroyant ne soit pas capable ? »
Il prétend qu'il est impossible de répondre positivement à cette question. Or, cela est faux : aimer Dieu est un acte moralement positif qu'un incroyant ne peut pas réaliser (puisque, pour aimer Dieu, il faut déjà croire en lui).
Seconde question :
« À l'inverse, pouvez-vous penser à un acte, une parole, une prise de position moralement abjecte qu'un croyant puisse faire, mais dont un incroyant ne soit pas capable ? » Voici sa réponse : « Dire à un enfant que l'enfer existe est une forme de maltraitance dont un athée ne se rendra jamais coupable. »
Encore une fois, Thomas Durand affirme des choses de façon péremptoire, sans argumenter. En quoi prévenir un enfant de l'existence de l'enfer et l'inciter à vivre dans un amour tourné vers les autres serait-il de la maltraitance ? En quoi proclamer l'Évangile et citer Jésus-Christ (qui enseigne l'existence de l'enfer) serait-il de la maltraitance infantile ? Le zététicien n'en dit pas un mot mais, comme à son habitude, il le présuppose comme étant vrai. Il ne s'agit de maltraitance que dans la mesure où l'enfer n'existe objectivement pas. À l'inverse, s'il y a objectivement un enfer, la maltraitance consiste à ne pas en parler à son enfant.
On notera ici que Thomas présente une morale qui se prétend totalement objective, contrairement à ce qu'il avait affirmé dans sa réponse à l'argument moral 281. Mais il est incapable de rendre compte de ce qui est moralement bon ou moralement abject, puisque son matérialisme athée ne lui donne aucun fondement pour établir une loi morale objective. Ce n'est pas l'évolution biologique qui me permettra de décider s'il est moralement bon ou mauvais de parler à mon enfant des fins dernières et de la possibilité de la damnation. Les interactions moléculaires et la sélection naturelle s'en contrefichent. Un tel jugement moral présuppose une loi morale objective qui ne saurait émaner des atomes.