Les lois violentes de l'Ancien Testament

Toutes les références aux lois prescrites par Dieu dans l'Ancien Testament (que donne Thomas Durand p. 328-331) renvoient à ce qu'on nomme la pédagogie divine. Dieu, en bon pédagogue, s'adapte à la capacité de l'homme à recevoir la révélation en fonction des lieux et des époques. En effet, du temps de Moïse, les hommes avaient le cœur dur : ils n'étaient pas prêts à assimiler la révélation ultimement voulue par Dieu dans le Christ. Ainsi, pour s'adapter à leur dureté de cœur, Dieu dut prescrire des lois sévères, adaptées à la barbarie de l'époque, que l'on pourrait juger tout à fait archaïques aujourd'hui. Toutefois, à bien des égards, la loi mosaïque élevait déjà en soi le niveau des nations païennes de l'époque 278. Ces concessions avaient pour but de guider progressivement les hommes corrompus par le péché vers le bien. Par exemple, Jésus explique que la loi sur la répudiation des femmes avait été permise « à cause de la dureté » (Mt 19, 8) du cœur des Juifs.

En tous les cas, il ne faudrait pas tomber dans le piège de juger cette situation avec nos yeux d'hommes modernes civilisés. En effet, contrairement au Coran qui est censé être la parole incréée de Dieu, la révélation dans la Bible suit un processus historique qu'on ne peut pas ignorer sans faire de graves contresens.

Mais Thomas Durand persiste à vouloir ranger toutes les religions dans la même catégorie en clamant que « Dieu encourage les croyants à massacrer les hommes, enfants, vieillards, femmes adultes, et à conserver les jeunes vierges pour en faire un usage tout sauf mystérieux » (p. 328). Or, le christianisme rejette évidemment de tels actes. Ce que Thomas Durand ne dit pas, c'est que ces violences dans l'Ancien Testament ne se sont produites que dans des contextes de guerre : elles ne sont pas des prescriptions pour les croyants et ne constituent pas un « encouragement » à les pratiquer. Dire le contraire est tout simplement trompeur ou mensonger.

Les passages cités par Durand (Nombres 31 et Juges 21) ne renvoient qu'à des événements ponctuels de guerre opposant prophètes et païens, pas à des principes moraux 279. Bien sûr, ces actions sont archaïques et brutales : ce n'est pas ce que Dieu voulait ultimement pour l'humanité, comme en témoigne l'Évangile où toutes les violences de ce type sont activement rejetées par Jésus-Christ.

Notes de bas de page

278 Développer cette idée serait bien trop long ici. Nous incitons le lecteur à visionner cette vidéo : « The Revolutionary Mosaic Law », https://www.youtube.com/watch?v=0o5uqGKsxUc (6 août 2021).
279 Dans Nombres 31, il s'agissait d'une violence tolérée en des temps et lieux précis, par pure nécessité, pour des peuples dans un état profondément barbare. Concernant le passage de Juges 21, rien n'indique que l'acte commis était approuvé par Dieu. Il s'agit simplement d'une description des actions du peuple.