Introduction
En septembre 2022, Thomas Durand a publié un ouvrage intitulé Dieu, la contre-enquête, en réponse au livre Dieu, la science, les preuves d'Olivier Bonnassies et Michel-Yves Bolloré. Cet ouvrage s'inscrit dans la mouvance du nouvel athéisme 1, qui s'est développé aux États-Unis au début des années 2000. Son objectif semble clair : il s'agit de ridiculiser les croyants qui connaissent mal leur religion, en les faisant passer pour des personnes irrationnelles. Dans la tête des « nouveaux athées », croire en Dieu ou être chrétien est une aberration intellectuelle qui relève presque de la maladie mentale, un peu comme si l'on croyait au Père Noël à l'âge adulte. Thomas Durand n'hésite d'ailleurs pas à comparer le théiste à une personne qui croirait en l'existence des licornes volantes ou aux extraterrestres :
« En réalité, la question de l'existence de Dieu n'a rien de spécialement complexe. Le fait qu'elle génère beaucoup de tensions depuis longtemps ne prouve pas qu'elle soit fantastiquement ardue d'un point de vue épistémique. On admet généralement sans mal qu'un non-spécialiste des licornes ou des visites extraterrestres est parfaitement légitime pour évaluer la question de leur existence, pour peu qu'il prenne soin de s'assurer de la définition du phénomène avant d'en juger 2. »
« C'est un constat qui peut déranger. Pourtant, il est possible de traiter la question de Dieu comme n'importe quelle proposition irréfutable, par exemple : "Des extraterrestres ont construit les pyramides de Gizeh d'une manière impossible à discerner de ce qu'auraient pu faire les Égyptiens de l'époque", "des licornes volantes vivent dans cette forêt, mais deviennent invisibles quand on les cherche pour de mauvaises raisons" » (p. 258).
Thomas Durand pousse même la comparaison plus loin, en assimilant la croyance en Dieu à la croyance en un monstre en spaghettis volant :
« Le pastafarisme raconte que l'univers a été créé par le Monstre de Spaghetti Volant (MSV) après une soirée trop arrosée. [...] On peut même défendre l'idée que le pastafarisme a un avantage sur les autres religions : il considère que son Dieu a le sens de l'humour, ce qui le rend plus proche de la perfection » (p. 59-60).
L'auteur se moque aussi ouvertement du christianisme en le décrivant de manière ultra caricaturale (reprenant la citation du mythiste 3 Richard Carrier) :
« Chrétienté : Croyance selon laquelle un zombie juif cosmique peut vous faire vivre éternellement si vous mangez symboliquement sa chair et lui promettez télépathiquement de l'accepter comme votre maître ; ainsi il pourra retirer une force maléfique présente dans votre âme depuis qu'une femme fabriquée à partir d'une côte s'est laissée convaincre par un serpent doué de parole de manger le fruit d'un arbre magique. Cela est rendu possible parce qu'une entité immatérielle a inséminé une vierge afin qu'elle lui donne un fils (qui est en fait lui-même) destiné à subir un sacrifice sanglant, seul moyen pour l'entité immatérielle de réussir à se pardonner d'avoir fabriqué des êtres humains incapables de lui obéir. [...] Un chrétien est bel et bien quelqu'un qui croit en un scénario de cette nature » (p. 348-349).
Bref, de manière générale, la mouvance du nouvel athéisme se caractérise surtout par une haine profonde des religions et par une ignorance absolue en matière de philosophie et de théologie. On est ici dans la moquerie malveillante et non dans l'argumentation sérieuse. C'est ce que nous allons tâcher de mettre en évidence dans ce livre.